Avant-course Allemagne 2018: de retour au pays de Schumacher

Le Grand Prix d’Allemagne revient au calendrier, après deux ans d’absence, sur le magnifique circuit d’Hockenheim. Les pilotes se sont bien reposés, après avoir disputé trois courses consécutives. Si Sebastian Vettel a triomphé sur les terres de Lewis Hamilton, ce dernier souhaite rendre la pareille à l’Allemand.

retour sur la dernière course

Sous le thème « It’s coming home », Lewis Hamilton voulait ramener une autre victoire au Grand Prix de Grande-Bretagne. Malheureusement pour lui, un accrochage avec Kimi Raikkonen a ruiné toutes chances d’être le plus victorieux à Silverstone. Même en remontant le peloton pour finir deuxième, le Britannique ne pouvait esquisser un sourire sur le podium. Celui l’ayant succédé sur la plus haute marche était nul autre que Vettel. Le pilote Ferrari augmenta son avance au classement des pilotes de huit points.

Quant à Red Bull, elle ne put répéter leur exploit du Grand Prix d’Autriche. Si Max Verstappen, vainqueur au Red Bull Ring, dut abandonner, Daniel Ricciardo termina cinquième sans être dans la chasse au trophée du Grand Prix britannique.

Avec vingt points de retard sur Ferrari au championnat des constructeurs, Mercedes veut profiter de la manche allemande (et locale) pour réduire l’écart.

histoire du grand prix

ère pré-f1 (1926-1950)

Rudolf Caracciola (Mercedes-Benz), premier vainqueur du Grand Prix d’Allemagne. Il détient encore le plus grand nombre de victoires dans cet événement, toutes compétitions automobiles confondues
Le Circuit de l’AVUS, à Berlin (Crédit: Wikipédia)

Le tout premier Grand Prix d’Allemagne eut lieu en 1926, sur le circuit de l’AVUS (dans le sud-ouest de Berlin). C’est l’Allemand Rudolf Caracciola qui fut le premier vainqueur, au terme d’une course sous une pluie battante. L’année suivante, l’événement déménagea au Nurburgring. Le légendaire tracé reçut les meilleurs pilotes pré-F1 de 1927 à 1940 (sauf en 1930 et en 1933). Entre 1941 et 1949, aucune épreuve ne fut tenue, car les sports motorisés furent interdits en Allemagne de l’Ouest (où se situe le Nurburgring). Une épreuve hors-championnat de Formule 2 put y être tenue, en 1950, avec l’Italien Alberto Ascari désigné grand gagnant de cette édition.

l’arrivée de la Formule 1 EN Allemagne

Toujours au volant de sa Ferrari, Ascari devint le premier vainqueur du Grand Prix de Formule 1 d’Allemagne, en 1951. Le Nurburgring fut désigné l’hôte de cette ronde du championnat entre 1951 à 1976, à l’exception de 1959 (retour dans l’AVUS) et de 1970 (Hockenheim).

La Nordschleife du Nurburgring (Crédit: Wikipédia)

La Nordschleife, variante du tracé allemand, commençait à être jugé peu sécuritaire auprès de la FIA, mais le terrible accident de Niki Lauda en 1976 confirma le tout. Lauda perdit le contrôle de sa Ferrari et tapa lourdement les rails, avant d’être heurté par d’autres concurrents. Sa monoplace brûla et l’Autrichien fut coincé. Bien que des commissaires de piste et quatre pilotes s’attardèrent à extirper Lauda, les dommages furent terribles. Le grand rival de James Hunt fut gravement brûlé et ses poumons endommagés par l’inhalation de matières toxiques. Malgré le fait qu’on le prononcerait mort, le pilote survécut et, contre toutes attentes, repris le volant de sa Ferrari un mois plus tard, à Monza. Un an plus tard, le Grand Prix d’Allemagne retourna dans l’Hockenhemring, mais de manière définitive.

Preuve que le destin existe: c’est Niki Lauda qui remporte l’édition de 1977, un an après son accident quasi-mortel. La seule fois que le Nurburgring accueillit la F1 dans la période Hockenheim, c’était en 1985, sur une variante plus moderne dans le sud du très long tracé.

Alternance entre Nurburgring et Hockenheim (depuis 2007)

Markus Winkelhock (à droite) mena le Grand Prix d’Allemagne 2007 sous une pluie battante.

Pendant onze ans (de 1995 à 2006) et en 1984, le Nurburgring moderne fut le théâtre des Grands Prix d’Europe et du Luxembourg (1997 & 1998). Avec l’arrivée de Valence, en Espagne, dans le championnat du monde, il fallut que le deux circuits populaires allemands accueillent le Grand Prix national alternativement. Hockenheim obtint les années paires; Nurburgring, les impaires. En 2007, première année de l’alternance, on assista à la première course de Markus Winkelhock. Le pilote Spyker, qui en était à sa première course en F1, partit dernier mais opta pour un changement de pneus à la dernière minute, passant des secs aux mouillés. Alors que la pluie tomba rapidement, plusieurs pilotes se retrouvèrent pris dans le sable (dont Lewis Hamilton). Or, Winkelhock se retrouva en tête, à sa première course, au drapeau rouge. Malheureusement, à la relance de la course, il retrouva soudainement son dernier rang, avant d’abandonner.

En 2010, Felipe Massa menait le Grand Prix à Hockenheim, un an suivant son terrible accident en Hongrie. Cependant, le Brésilien reçut l’ordre de laisser passer Fernando Alonso, son coéquipier chez Ferrari, alors que ce dernier se battait pour le championnat des pilotes. Résultat: Alonso l’emporta devant un Massa furieux.

Lewis Hamilton sandwiché entre les Red Bull de Sebastian Vettel et de Mark Webber, lors du dernier GP allemand au Nurburgring (à ce jour).

2013 marqua la dernière année de la Formule 1 au Nurburgring. Aux prises avec un changement de propriétaire, la mythique piste ne put se résoudre à prolonger leur entente avec la F1. Comme Hockenheim ne voulait pas prendre le relais, le Grand Prix d’Allemagne fut tout simplement annulé. Depuis, la course est organisée à chaque deux ans, aux années paires.

Le circuit

Hockenheimring

Hockenheimring (4,574 km/67 tours)
Premier GP de F1 en Allemagne: 1951 (à Hockenheim: 1970 et de manière permanente en 1977)

Construit en 1932, le Hockenheimring original passait à travers les forêts. La piste était d’une distance de 12 km, composée principalement de très longues lignes droites. Six ans plus tard, le circuit fut raccourcie de moitié, ressemblant presque à un long ovale. La configuration resta pendant 28 ans.

(Crédits: racingcircuits.info)

C’est en 1965 que la section « Stadium » fut introduite et la ligne de départ/arrivée déplacée à l’endroit actuel de la piste. Lorsque Jim Clark trouva la mort en 1968, pendant une course de Formule 2, deux chicanes rapides furent installées. Deux autres furent placées à l’Ostkurve (« virage Est » en allemand), après le décès de Patrick Depailler en 1980. Malgré ces changements sécuritaires, l’essence de l’Hockenheimring ne changea guère: les pilotes pouvaient atteindre les 300 km/h dans la forêt. Cependant, comme c’est un circuit à haute vitesse, il était facile de manquer d’essence en fin de course. Parlez-en à Alain Prost qui, en 1986, dût pousser sa McLaren à la ligne d’arrivée, alors qu’il était troisième. Au final, il termina sixième et marqua un point important vers son deuxième championnat des pilotes.

L’ancienne ligne droite de la version longue de Hockenheim (1965-2001). (Crédits: theracingline.net)

En 2002, le circuit fut complètement redessiné, éliminant les deux longues lignes droites à travers la forêt. Seule la section du « Stadium » fut conservée. Elle perdit son bel état, mais devint plus sécuritaire. Malgré tout, on assista à de belles courses, surtout avec l’ajout d’une épingle. Avec

Pour cette année, une troisième zone de DRS sera installée à la ligne de départ/arrivée, en plus des deux existantes: entre les virages 1 et 2 et à la Parabolika (entre 5 et 6).

à Surveiller

  • Si Lewis Hamilton a gagné cinq fois sa course nationale, Sebastian Vettel ne l’a remportée qu’une fois. C’était en 2013, au Nurburgring.
    • À Hockenheim, l’Allemand a enregistré une troisième place en 2010. Deux ans plus, il franchit la ligne d’arrivée en P3, mais fut pénalisé de vingt secondes pour un dépassement illégal sur Jenson Button.
    • Aussi, Vettel a très peu été en tête sur cette piste. Il a mené… trois tours.
  • La dernière fois que Fernando Alonso s’est retrouvé en pôle position d’un Grand Prix, c’était sur ce circuit en 2012, sous une pluie diluvienne. Jadis, il pilotait pour Ferrari (jadis…).
  • Parlant de la Scuderia, elle a inscrit au moins un point au Hockenheimring depuis 1987.
  • (Crédit: XPB Images)

    C’est justement sur ce circuit que Daniel Ricciardo a fait découvrir le shoey à la planète F1, en 2016. Il avait fini deuxième.

    • En gagnant ce dimanche, ce serait la deuxième fois de sa carrière qu’il met la main sur trois victoires en une saison. La première fut en 2014 (Canada, Hongrie et Belgique).
  • Si Lance Stroll et Sergey Sirotkin connaissent une année 2018 catastrophique, ils peuvent au moins se targuer d’avoir eu du succès à Hockenheim.
    • Pour Stroll, il avait gagné les trois courses de F3 européenne en 2016, mettant la main sur le titre de champion de la série.
    • Quant à Sirotkin, il avait gagné l’épreuve du samedi en GP2 (maintenant F2) et terminé deuxième lors de celle du dimanche.
  • Fernando Alonso est un maître au Hockenheimring. L’Espagnol y a gagné trois fois (2005, 2010 et 2012) et n’y a jamais abandonné.
    • Par contre, il a terminé à l’extérieur des points à trois reprises: dixième en 2001 (les six premiers marquaient des points), onzième en 2008 (les huit premiers marquaient des points) et douzième en 2016.
  • D’ailleurs, Kimi Raikkonen et lui sont les seuls pilotes du championnat à avoir roulé sur l’ancienne version du Ring (2001).

statistiques

(prises du site STATS F1)

victoires

  • Pilote: Michael Schumacher (4)
  • Écurie: Ferrari (21)

Pôles positions

  • Pilotes: Jim Clark et Jacky Ickx (4)
  • Écurie: Ferrari (19)

Meilleurs tours

  • Pilote: Michael Schumacher (5)
  • Écurie: Ferrari (17)

Podiums

  • Pilote: Michael Schumacher (7)
  • Écurie: Ferrari (51)

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