Oscar Piastri chez McLaren: la fin d’une grosse saga

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Après des semaines d’attente, McLaren a annoncé la signature d’Oscar Piastri dans leurs rangs. Piastri était supposé rester chez Alpine, mais ce dernier a refusé catégoriquement un volant. Chronique d’Abdou Sall

C’est enfin terminé! Oscar Piastri est un pilote McLaren, dès la saison 2023. Un mois s’était écoulé entre le tweet incendiaire de l’Australien et l’annonce de McLaren, publiée quelques minutes avant la deuxième séance d’essais libres du Grand Prix des Pays-Bas.

Entre temps, il y a eu bien des nouvelles et rumeurs qui sont sorties dans la presse spécialisée. Quand j’ai vu l’ « annonce » d’Alpine, avec l’équipe du Bulletin GP et les modérateurs de La Monoplace, j’ai tout de suite senti le pot aux roses.

PODCAST: Piasti, McLaren, Alpine… maudit bordel

Alpine: grand perdant de la saga

Otmar Szafnauer, directeur d’écurie chez Alpine (Photo: Getty Images)

Lorsque le communiqué de presse d’Alpine est sorti, le 2 août, j’ai remarqué qu’il y avait anguille sous roche. Premier indice: aucun commentaire émis par Oscar Piastri. Normalement, on aurait eu droit aux propos des deux clans, comme ce fut le cas pour l’annonce de Piastri chez McLaren.

Le deuxième est une observation personnelle un peu tiré par les cheveux: ledit communiqué fut envoyé aux petites heures du matin en Australie. Avec la popularité de la Formule 1 à Melbourne, je me serais attendu à une émission de la nouvelle un peu plus tôt (heure du Québec et de la plupart des Européens).

Ensuite, vous connaissez la suite.

Bref, Alpine a perdu deux pilotes de manière spectaculaire. En effet, Fernando Alonso a surpris tout le monde en signant chez Aston Martin, afin de remplacer Sebastian Vettel, qui a annoncé sa retraite. Apparemment, le contrat fut signé pendant la fin de semaine du Grand Prix de Hongrie.

En lisant le verdict du Comité de Reconnaissance des Contrats (CRB), on apprend que Piastri et McLaren ont signé un contrat valide de deux ans (2023 et 2024) le 4 juillet, qui est le lendemain du Grand Prix de Grande-Bretagne. Or, cela nous indique que le clan Piastri, mené par son manager Mark Webber (ancien pilote de F1), cherchait une opportunité à l’extérieur du giron d’Alpine.

On s’entend donc que l’Australien préparait déjà son départ de l’écurie avant même Alonso.

Revenons à Alonso, un moment. Selon la presse spécialisée, Alpine voulait offrir un contrat de deux ans supplémentaires à l’Espagnol: un an et une année d’option. Or, Nando voulait un 2+1, structure qu’il a eue avec Aston Martin. Les embûches ont duré deux mois.

Pour reprendre les termes du football (celui qui se joue aux mains): Alpine a échappé le ballon sur un retour de botté. Deux fois, en plus. Ce serait quelque chose que les Jets de New York auraient clairement fait.

Réserviste no more

Évidemment, il n’y a pas qu’Alpine qui se fait invectiver sur les réseaux sociaux. Oscar Piastri reçoit son lot de critiques. Cependant, je trouve que ce n’est pas justifié de jeter son dévolu sur le champion en titre de Formule 2.

Avec Alpine qui offrait une prolongation de minimum une année à Fernando Alonso, Piastri se serait retrouvé comme réserviste avec le clan français pour une autre saison.

On aurait vu l’Australien comme titulaire soit en 2023 ou, dans le pire des cas, en 2025! Je ne pense pas qu’il aurait apprécié cela.

Or, il y a eu des discussions avec Williams pour placer le pilote de 21 ans en prêt avec l’équipe anglaise, pour 2023. Le clan de l’Australien a refusé.

L’opportunité de se retrouver avec une équipe de haut niveau s’est présentée, suivant des négociations avec McLaren. Or, il appert que le contrat initial était pour un poste de réserviste pour 2023. Évidemment, avec la séparation entre Daniel Ricciardo et McLaren, Piastri fut promu comme titulaire.

Je ne sais pas quel aurait été le plan de l’équipe de Woking, mais je pense qu’elle était disposée à préparer l’après-Ricciardo. Cependant, on sait qu’Alpine voulait le prêter chez Williams pour un an ou deux, avant de le rapatrier. Un scénario similaire à ce que Mercedes a fait avec George Russell.

Honnêtement, entre se retrouver deux ans une voiture en fond de grille et être déjà titulaire dans une équipe du milieu de peloton, mon choix est déjà fait.

Loyauté? Quelle loyauté?

Le mot « loyauté » a été lancé de gauche à droite par Otmar Szafnauer, directeur d’équipe chez Alpine. Il s’attendait à ce qu’Oscar Piastri soit plus loyal envers l’écurie.

En effet, Piastri est un membre de l’Académie Alpine depuis 2020. C’est avec cette alliance que l’Australien a remporté les titres de Formule 3 (2020) et de Formule 2 (2021). De plus, il a effectué des essais avec une ancienne Renault, afin de s’acclimater à la conduite d’une Formule 1.

Or, je peux comprendre Alpine d’être déçue du départ de son pilote prodigieux. Cette déconsidération de Piastri envers l’écurie française se remarque par le manque d’essais lors des fins de semaine de Grands Prix. Pourtant, l’Australien a un historique exceptionnel, quant à ses résultats dans les séries juniors. Cependant, accuser quelqu’un de ne pas être loyal, en raison du programme offert, est un peu poussé. Nous sommes loin de l’époque des athlètes évoluant pour une équipe (Mario Lemieux ou Francesco Totti, pour ne citer qu’eux).

Je comprends tout à fait le désir d’Oscar de s’offrir une meilleure opportunité ailleurs. Il n’est pas le premier, ni le dernier à changer d’allégence avant ses débuts professionnels, peu importe la manière dont cela s’est produit.

Parlant de loyauté, Otmar Szafnauer n’est pas la meilleure personne pour évoquer ce sujet. Au Grand Prix des États-Unis 2021, il avait nié avoir fait le saut d’Aston Martin vers Alpine. Quelques mois plus tard, il est (encore) en poste avec Alpine.

C’est certain qu’Alpine a voulu faire tout en son pouvoir pour permettre à leur protégé de patienter encore un peu ou d’accepter un volant avec une écurie faible (désolé, Williams). Il n’y absolument rien de mal dans tout ça. Toutefois, rappelons-nous que l’annonce de Piastri a été faite en catastrophe, à la suite du départ d’Alonso. Tout cela démontre que le jeune pilote n’était qu’un remplaçant ne faisant pas partie des plans principaux de l’équipe d’Enstone.

Aussi: selon The Race, l’écurie française était au courant des intentions de Piastri de quitter. Alors pourquoi accuser son pilote de manque d’intégrité, quand elle était au courant de cette volonté de départ?

À mon sens, lorsque Alonso a signé son contrat avec Aston Martin, Alpine s’est retrouvée dans ce dilemme de garder Piastri dans leurs rangs. Autre référence football (celui avec les mains): c’est l’équivalent de voir sa passe interceptée et l’intercepteur inscrit le touché.

Toujours en reprenant les termes employés par The Race: Szafnauer a mis en doute lesdites loyauté et intégrité d’Oscar Piastri, au lendemain de l’annonce-choc d’Alonso. Pourtant, rien n’indiquait que l’Australien serait de l’échiquier 2023 de la Formule 1.

Bref, j’ai vraiment du mal à croire Alpine dans cette situation.

SUGGESTION DE LECTURE: OSCAR PIASTRI EN ENTREVUE SUR LE SITE OFFICIEL DE LA FORMULE 1

La pression est sur Piastri

Oscar Piastri et Daniel Ricciardo au Grand Prix d’Australie 2022

Maintenant que tout est réglé, il ne va pas sans dire qu’Oscar Piastri aura beaucoup de pression sur ses épaules, dès 2023. Non seulement il a été phénoménal dans les catégories junior, les gens vont l’attendre de pied ferme, afin de savoir s’il a l’etoffe pour devenir bon en Formule 1.

Cela est sans oublier que McLaren aurait compensé pour une somme de près de 20 millions de dollars Daniel Ricciardo, afin de résilier son entente avec l’écurie dès 2023.

La manière houleuse de quitter Alpine a clairement laissé des traces. D’autant plus qu’il remplace un favori de la foule en Ricciardo, en plus d’être aux côtés d’un Lando Norris qui performe très bien.

Une chose est sûre: l’approche de McLaren pour obtenir les services d’un des pilotes les plus prometteurs était osée. Même si Ricciardo est adoré par beaucoup de fans de Formule 1, l’aspect sentimental passe rarement en premier dans une écurie (et dans le sport, en général).

McLaren, malheureusement pour plusieurs, se devait d’agir pour remettre cette équipe sur le bon chemin. Si Piastri livre la marchandise, tant mieux.

Bref, je réitère le point suivant que j’ai émis sur Twitter:

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