Ce jeudi 28 janvier, c’est la journée #BellCause, une initiative lancée par Bell, afin de discuter de la santé mentale. Sur les réseaux sociaux, pour chaque usage des mots-clic #BellCause ou #BellLetsTalk, Bell versera de l’argent à des organismes spécialisées en santé mentale. Au-delà de l’initiative, il faut qu’on en parle, surtout en Formule 1.
La santé mentale est un sujet que nous devons aborder. En ces temps difficiles causés par la pandémie, c’est encore plus important d’en discuter. Cependant, ce n’est pas parce qu’il existe une journée thématique comme celle-ci que la conversation doit s’arrêter le lendemain.
En Formule 1, la santé mentale est un sujet qui est très peu discuté. Même Max Verstappen ne veut pas entendre parler de cela, car « ça montrerait une faiblesse chez les pilotes« . Heureusement, quelques pilotes ont décidé de briser le tabou. Sir Lewis Hamilton, Lando Norris, Daniel Ricciardo, Romain Grosjean et cie. (j’inclus Toto Wolff, même s’il ne pilote plus) se sont exprimés, au cours des derniers mois, sur la santé mentale.
La F1 est un sport où plusieurs éléments peuvent nuire au bien-être mental. Par exemple, les performances, naturellement, ont un côté néfaste. Si un pilote ne livre pas assez la marchandise, il peut être remplacé soit sur-le-champ ou après la saison, au détriment d’un autre. La Formule 1, c’est un je-me-moi continuel. Chacun participe pour soi, autant les pilotes que les dirigeants.
La santé mentale, dans une optique générale, est considéré comme quelque chose qu’il ne faut pas aborder, sinon on vous traite de « faible ». C’est le cas dans le sport, globalement, même en F1.
Les grandes vedettes sont scrutées à la loupe à tous les jours, par les médias et par les fans. Les pilotes sont constamment jugés.
Dans le cadre de la Journée internationale de la santé mentale, le 10 octobre dernier, McLaren a profité de cette journée pour republier une vidéo, où on voit des mécanos expliquer comment ils ont géré mentalement la quarantaine obligée, après qu’un de leurs collègues eut contracté la COVID-19, lors du Grand Prix d’Australie.
Enfin une écurie qui se soucie de la santé mentale! Un mois plus tard, Lando Norris a publié un texte sur le site de McLaren pour se confier sur les moyens entrepris pour son bien-être mental.
Au début du mois de septembre, Sir Lewis Hamilton s’est exprimé sur ses difficultés à tenir le cap mentalement, avec les mesures sanitaires en place partout dans le monde. Il est, comme nous, en train de faire des sacrifices, tout en prenant soin de lui, malgré avoir contracté le coronavirus, juste avant le Grand Prix de Sakhir.
C’est difficile pour les sportifs de garder le cap, car ils sont dans une bulle constamment et ne peuvent pas voir régulièrement leur famille, car (dans le cas de la F1) ce sont des courses semaine après semaine.
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Damon Hill: un des premiers à en parler
Si plusieurs pilotes ont décidé de se confier sur la santé mentale récemment, Damon Hill a été un des premiers à le faire. Et solidement, en plus.
Le champion du monde de 1996, fils de Graham Hill, a été une des figures importantes en Formule 1, au cours des années 90. Dans son autobiographie, Watching the Wheels (une des plus belles autobiographies que j’ai eu la chance de lire), publié en 2016, Damon raconte avoir souffert de dépression, quelques années après avoir pris sa retraite de la Formule 1, en 1999. Il dit que la cause est probablement due à la mort tragique de son père, en novembre 1975, alors que Graham et une partie de l’écurie Embassy Hill furent tués dans un accident d’avion. Damon avait 15 ans, lors de cette journée maussade.
Tous ces moments, entourant la mort d’un proche, est revenu lors du Grand Prix de Saint-Marin, à Imola, lorsque Roland Ratzenberger et Ayrton Senna trouvèrent la mort lors de cette fin de semaine de course maudite. Cette peur de mourir en piste, ça le terrorisait parfois. En 2003, Hill suivit des thérapies pour guérir sa dépression.
Je vous laisse cette vidéo de Damon parler de santé mentale avec Freddie Hunt, le fils de James.
Les réseaux sociaux: une plaie globale
S’il y a un truc qui est dévastateur, c’est l’internet. Les réseaux sociaux sont géniaux pour créer un pont entre le sport, les athlètes et leurs fans. Parfois, voire très souvent, ça devient néfaste.
Je pense à des pilotes comme Lance Stroll, Valtteri Bottas, Romain Grosjean ou bien Alex Albon… et même Sir Lewis Hamilton.
Je cite ces pilotes, car ils reçoivent constamment des messages pas très agréables sur une base routinière sur leurs comptes. Quand il s’agit de Lance Stroll, c’est tout ce qui est en lien avec sa place en Formule 1 depuis 2017. Pour Valtteri Bottas, c’est parce que les gens pensent qu’il doit devenir un Nico Rosberg (c’est-à-dire être en mesure de battre Hamilton course après course). Alex Albon est aussi victime de ces genres de propos, car il n’est pas à la hauteur de Max Verstappen à chaque Grand Prix.
Romain Grosjean, avant son terrible accident au Grand Prix de Bahreïn, était le dindon de la farce, en raison de ses accidents. Quand il publiait des mises à jour sur sa vie hors-F1, des personnes mal intentionnées lui rappellent ses mauvais moments (lire « ses accidents », dont celui de Bakou 2018). Finalement, Sir Lewis Hamilton est insulté de partout, en raison de ses mobilisations anti-racisme et environnementales.
Ces pilotes en question sont habitués à ces quolibets énervants. Grosjean en a eu assez de recevoir ces bêtises, alors il a opté pour la réplique. Ce n’est pas agréable d’être sujet de mots inacceptables (parlez-en à la pauvre Safia Nolin), alors imaginez ces sportifs, qui subissent cela sur une base quotidienne. C’est une bonne chose que Sebastian Vettel ne possède aucun compte sur les réseaux sociaux, surtout avec la récente vidéo d’Aston Martin et sa nouvelle coupe de cheveux.
On a le droit de penser qu’on n’a pas aimé leurs performances, dépendamment des Grands Prix, mais s’en prendre à eux de manière personnelle, ça va trop loin.
N’oublions pas que les pilotes de Formule 1 sont, avant tout, des êtres humains. Ils ont, comme nous, des sentiments.
Si vous désirez obtenir de l’aide, n’hésitez pas à contacter:
- Pour les jeunes: Jeunesse j’écoute (téléphone: 1-800-688-6868)
- Pour les adultes: Gouvernement du Québec