Dix (tes) pensées 29 juin 2018: du trafic à la Coupe du monde

NDLR: La chronique devait être publiée mercredi, mais un problème technique majeur m’a forcé à reporter la publication.

Nous sommes sur une séquence de trois courses consécutives, la première s’étant déjà terminée en France. En une semaine, nous avons eu beaucoup de nouvelles, mais aussi de constats intéressants. Ce Dix (tes) pensées revient sur l’avant et l’après-Grand Prix de France, disputé à Paul-Ricard.

1- Le trafic au Castellet

Si le Grand Prix de France était très bon en piste, on ne peut pas en dire autant pour la circulation vers le circuit Paul-Ricard. Vendredi, j’ai suivi les essais, mais aussi les méasaventures de certains fans qui voulaient se rendre à la piste, sur Twitter. Certains d’entre eux sont partis tôt le matin, mais ils ont fait face à un énorme bouchon. On parle même d’environ dix kilomètres de trafic! C’est presque la distance entre Montréal-Nord et le Circuit Gilles-Villeneuve! Si c’était l’enfer vendredi, ça ne s’est absolument pas amélioré samedi et dimanche.

Ce n’est pas la première fois qu’un problème du genre survient, pendant un weekend de F1. Il y a dix ans, lors du dernier GP en sol tricolore, la même situation fut évoquée, sauf que c’était sur un circuit différent. Tout comme à Paul-Ricard, Magny-Cours se situe au beau milieu d’une zone rurale. Il n’y a pas grand chose aux alentours. En fait, il n’y a qu’une seule autoroute qui amène le monde aux circuits en question. Cela donne donc peu d’options, à moins de connaître les environs. Je n’arrive pas à croire que les autorités municipales n’aient pas pris de mesures plus appropriés pour un événement d’envergure comme la Formule 1. Pourtant, le Grand Prix de France au Castellet est la plus grosse épreuve automobile organisée dans la région en presque trente ans!

Chose sûre: on va se croiser les doigts pour que la gendarmerie locale soit mieux préparée en 2019. Parce que si cela continue, je pense que peu de gens vont avoir l’envie d’assister à une course de F1 dans le Var.

2- Supprimer la chicane « nord » du mistral?

Le circuit Paul-Ricard, en France.

Outre les embouteillages monstres, l’autre sujet de discussion était l’allure de la piste varoise. On a beaucoup parlé des zones de dégagement peintes aux couleurs de la France (magnifique, en passant). On a surtout évoqué la (très) longue ligne droite du Mistral, divisée en deux par la chicane « Nord » qui, au final, ne semble pas en être une.

Ce segment de virages n’est pas du tout apprécié par les pilotes et par les fans. Or, Charlie Whiting, directeur de course de la FIA, a laissé entendre que la chicane serait supprimée pour 2019. Ce serait parfait, ça! Une des raisons pour laquelle cette partie fut installée est pour placer des tribunes aux alentours. Or, en biffant la chicane, cela forcerait les voitures à rouler à vive allure sur Mistral et à ralentir considérablement à la Courbe de Signes, au lieu de l’inverse.

J’aurais pensé qu’en décidant de choisir une des 167 (!) configurations possibles, on aurait dû faire appel à Alain Prost. Le légendaire Professeur a gagné plusieurs fois à Paul-Ricard. Lui-même le dit: cette chicane ne représente pas l’essence de cette piste. En utilisant le 1.8 km de la ligne droite, les bolides rouleraient avec moins d’appuis aérodynamiques et seraient laissés à eux-seuls pour le reste du tracé.

La chicane du Nord doit disparaître, quitte à la modifier si cela peut aider à effectuer des dépassements, comme on l’a vu dimanche. Après tout, il y a une chicane qui s’appelle « Montréal » et qui est plus tentant…

P.S.: Modifiez la sortie de la ligne des puits. C’est dangereux!

3- Les trophées du Grand Prix de France

La course était spectaculaire, la chicane est définitivement à oublier (comme l’expérience client de certains pris dans le trafic), mais on se souviendra du retour de la F1 en France pour ses trophées.

Lewis Hamilton, Max Verstappen et Kimi Raïkkönen se sont vus remettre un trophée en forme de… singe tricolore tenant un pneu Pirelli!

France 2018 : Course : Un trophée un peu spécial au Castellet

La récompense a été désignée par l’artiste plasticien français, Richard Orlinski. Aussi, Wild Kong (la source d’inspiration derrière le trophée), se sont retrouvées visibles aux abords de la piste. Orlinski a des liens avec les directeurs du circuit Paul-Ricard, expliquant sa présence au Grand Prix (et sur le podium). C’est l’une des coupes les plus créatives de l’histoire de la F1 et c’est tant mieux comme ça.

Pendnat des années, on a vu les pilotes recevoir des trophées laids comme ceux avec le logo de Santander ou bien même celui d’Heineken avec l’étoile rouge. Normalement, on en voit qui sont traditionnels ou qui sortent de l’ordinaire. Je me souviens de celui du Grand Prix du Canada de l’an dernier, avec la feuille d’érable reliées par des tiges en fibre de carbone. C’était une oeuvre d’art de qualité! Malheureusement, Sebastian Vettel est reparti avec le trophée Heineken, qui sera problement le même pour l’Italie et le Brésil, étant donné que la bière néerlandaise commandite ces deux courses.

En tout cas, un souvenir comme le King Kong aux couleurs de la France ne s’oublie vraiment pas!

4- CHarles Leclerc: ferrari ou haas?

Ayant terminé dans les points pour un cinquième Grand Prix consécutif, Charles Leclerc continue d’écarquiller les yeux de la planète F1. Ceux qui l’ont vu dans les séries juniors savent qu’il est très talentueux. Or, on ne se demande pas s’il va rester chez Sauber, en 2019. On se dit plutôt: où aboutira Leclerc?

Certains évoquent le fait qu’il soit déjà chez Ferrari, à la place de Kimi Raïkkönen. D’autres le voient chez Ferrari B Haas, possiblement à la place de Romain Grosjean. Le Monégasque est membre de la Ferrari Driver Academy, depuis 2016. À moins d’un blanc de mémoire, je ne me souviens pas d’avoir vu un jeune pilote être titulaire chez la Scuderia, surtout après son année recrue. Cependant, les Rouges ont en leur possession un futur champion du monde. C’est clair qu’il ira continuer sa carrière à Maranello, un moment donné. Par contre, ce n’est pas dans la mentalité de Ferrari de promouvoir un aussi jeune talent dans le grand club sans avoir fait ses preuves.

C’est pourquoi je crois que Leclerc devrait continuer à progresser chez Haas, la saison prochaine. Il ne faut pas commencer à brûler cet espoir exceptionnel de la Formule 1. Ceci étant dit, cela signifie qu’il faudrait garder Raïkkönen pour une (autre) saison, afin de mieux préparer le numéro 16. Déjà que la rumeur concernant Ricciardo en rosso  en 2019 ne s’est pas encore estompée, il faut aller doucement  avec le développement des pilotes (Marc Bergevin, prends des notes).

En bref, si Sauber ne pouvait pas garder Charles Leclerc dans ses rangs, ce dernier aboutirait avec les Américains de Haas, avec qui il a participé aux essais libres du Grand Prix de Grande-Bretagne 2016.

5- déchiffrer les commentaires de Fernando Alonso

Avec ses deux championnats du monde de F1 (2005, 2006) et son pilotage exceptionnel, Fernando Alonso est considéré comme une légende légitime du sport. Ces temps-ci, ce sont ses commentaires qui retiennent son attention. Depuis qu’il s’est joint à McLaren, à la saison 2015, l’Espagnol ne cesse de livrer des déclarations dubitatives, quant à la réalité à laquelle il fait face.

Nate Saunders, de ESPN F1, a remarqué cela, pendant le Grand Prix de France, et sa chronique est on point. Pendant des années, Alonso ne cesse de se mettre en valeur sur des trucs qui sont des réalités déformées. Par exemple, quand il a évoqué sa victoire aux 24 Heures du Mans, le 17 juin dernier, comme étant la « plus belle de l’histoire de la compétition », provoquant des éclats de rire dans la salle de conférence de presse. Aussi, avec McLaren qui régresse de course en course, l’Espagnol ne veut pas admettre que son équipe a des ennuis, depuis quelques temps.

Bref, allez lire son billet. C’est vraiment intéressant à déchiffrer.

6- Red Bull-Honda

La nouvelle de la semaine revient à la nouvelle alliance entre Red Bull et le motoriste japonais Honda, pour les saison 2019 et 2020. C’était un secret de Pollichinelle, soyons honnêtes. Avec Honda qui fournit leurs groupes propulseurs à Toro Rosso depuis le début de l’année, il fallit s’attendre à ce que l’écurie soeur fasse de même. Des discussions entre Honda et RBR avaient déjà commencé dès le mois de mai.

Avec le motoriste nippon qui est plus performant avec Toro Rosso qu’avec McLaren, on est en train d’avoir une meilleure opinion d’eux. Par contre, je ne pense pas que le mariage avec Red Bull continuera en 2021. Avec les changements de la réglementation moteur, Aston Martin, partenaire principal de l’écurie autrichienne, s’est montrée intéressée à rejoindre l’univers de la F1 comme fournisseur de moteur. Cela dit, il serait injuste qu’Honda n’ait pas une autre équipe avec qui s’associer.

7- Une saoudienne au volant d’une F1

Quelques heures avant le déaprt du Grand Prix français, l’écurie Renault a offert à Aseel Al-Hamad, une membre de la Fédération automobile de l’Arabie Saoudite, la chance de conduire la Lotus-Renault E20 (le châssis de la saison 2012) sur le circuit.

Le moment est survenu le même jour où l’Arabie Saoudite a levait officiellement l’interdiction controversée aux femmes de conduire une voiture. Il faut le dire: le timing était parfait.

Je vous laisse la vidéo de la dame en conduite d’une F1 ci-dessous. Je suis bien content de voir ceci, car on voit que le monde dans lequel on vit évolue constamment. On a souvent repirché la royauté d’avoir des lois arriérées (et avec raison), mais de les voir s’ouvrir au monde est un bon pas en avant.

Il faut aussi noter que Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite, acceuillera la première manche de la saison 2018-19 de Formule E, en décembre. Dans un Dix (tes) pensées précédent (point 6), j’avais critiqué la décision d’aller là-bas, prétextant d’autres problèmes sociétaux. Je maintiens encore mon point, car Raïf Badawi est encore emprisonné pour une soi-disante « brèche à la liberté d’expression ».

Bref, bravo à Renault d’avoir organisé ce beau moment avec Madame Al-Hamad.

8- clash f1 + coupe du monde

Nico Rosberg et Sebastian Vettel

Depuis le 14 juin, tous les pays (sauf si vous êtes Américains, Italiens ou encore Stéphane Laporte) ont attrapé la fièvre de la Coupe du Monde de la FIFA, en Russie. On a un excellent tournoi actuellement, avec les gros favoris qui ont de la difficulté à dominer dans la phase du groupe (parlez-en à l’Argentine et Lionel Messi). J’ai attrapé la fièvre, avec le Sénégal en bonne position pour atteindre les rondes éliminatoires (en attendant le match contre la Colombie, jeudi) qui est éliminé du Mondial.

« Mais en quoi le plus gros tournoi de soccer au monde a un lien avec la Formule 1 », me direz-vous? Entre le 14 juin et le 15 juillet, période de compéition du Mundial, il y a le programme triple dans lequel  nous sommes actuellement (France, Autriche et Grande-Bretagne). Or, un Grand Prix et un match de Coupe du Monde en même temps, c’est compliqué à regarder, surtout si vous êtes un amteur de ballon rond.

La fin de semaine dernière, le Grand Prix de France a débuté à 10h10 (heure du Québec), afin d’éviter un clash avec le match Angleterre-Paname (6-1) qui débutait à 8h00. Cependant, la course eut lieu presque en même temps que Japon-Sénégal. Or, l’épreuve autrichienne commencera à 9h10, soit une heure avant le duel de huitèmes de finale entre l’Espagne et la Russie (10h00). Idem pour le Grand Prix de Grande-Bretagne (9h10) et deux matchs de quarts de finale (10h00), qui devront aussi composer avec le tournoi de tennis de Wimbledon.

Or, le blogue F1 Broadcasting a analysé les courses de F1 ayant lieu pendant la Coupe du monde, depuis 2006. C’est la première fois, au 21ème siècle, que des courses se déroulent en même temps que le plus gros événement sportif au monde! Lorsque Bernie Ecclestone gérait la Formule 1, il faisait tout en son pouvoir pour éviter n’importe quel clash avec un match du Mundial. Par exemple, le départ du Grand Prix du Canada fut déplacé à 12h00, pour concilier F1 et les premiers matchs de la CDM 2010, en Afrique du Sud.

À l’an 2 de l’ère Liberty Media, les propriétaires de la Formula One Group ont vraiment raté une occasion de faire de même. Si le calendrier de la F1 est connu quelques mois avant le début de la prochaine campagne, les dates de la Coupe du monde de la FIFA sont déjà entérinés bien en avance. Donc, l’opportunité d’éviter un clash avec le soccer est manquée. Avec les côtes d’écoute qui sont en baisse dans certains pays, placer un Grand Prix alors qu’un match a lieu n’est pas une solution optimale.

9- toto wolff, l’ex-pilote

Quand on pense à l’Autriche, quand il est question de F1, on a en tête les noms de Niki Lauda, Gehrard Berger, Jöchen Rindt, l’écurie Red Bull et, surtout, Toto Wolff. Ce dernier est connu pour son rôle de directeur exécutif chez Mercedes (et pour avoir la réputation de frapper des tables), mais il a déjà été pilote de course.

La carrière de pilote de Wolff a débuté en 1992, dans le championnat autrichien de Formule Ford. Ensuite, il s’est tourné vers les voitures de tourisme, remportant les 24 Heures du Nürbürgring dans sa catégorie, en 1994. Douze ans plus tard, il gagna une autre course d’endurance: les 24 Heures de Dubai.

En gros, il a gagné partout où il est passé, en tant que pilote et directeur d’une écurie de Formule 1.

10- PRrogramme triple

Trois Grands Prix en trois semaines. C’est une première en Formule 1 et, pour les fans, c’est une joie. On a la chance d’attendre sept jours pour voir de l’action en piste. Pour le personnel des écuries et des instances du sport, cela signifie beaucoup de voyage à travers les autoroutes de l’Europe. À titre d’exemple: tout de suite après le Grand Prix en France, les dix équipes ont tout désinstallé pour quitter le Castellet (sans trafic, j’espère) et arriver à Spielberg d’ici lundi ou mardi.

Quand la manche autrichienne sera terminée, ce sera la même routine, mais la route sera plus longue. Heureusement, il y aura une semaine de repos avant de retourner au boulot, pour le retour de la F1 en Allemagne. En gros, on aura quatre courses en cinq weekends! C’est épuisant pour les employés d’écuries, mais ils aiment leur travail. Pourquoi s’en plaindre? Nous, les amateurs de course, sommes heureux d’avoir un mois de juillet rempli de Grands Prix avant les vacances du mois d’août.

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